"Ceux qui veulent tout veulent Canal+"


Dans un entretien accordé au quotidien “L’Équipe” le 19 avril dernier, l’ex-patron de M6 Nicolas de Tavernost confiait avoir fait une offre avec son homologue de TF1 Patrick Le Lay pour racheter Canal+, en 2002, sur proposition de Vivendi.
Retour sur cette période où Canal+ était dans l’oeil du cyclone de tous les grands groupes audiovisuels.

Paris, le 20 juin 2000. Dans une conférence de presse, le PDG de Vivendi Jean-Marie Messier, le CEO de Seagram Edgar Bronfman Jr. et le patron de Canal+ Pierre Lescure annoncent la création du deuxième groupe de communication mondial : Vivendi Universal. Cette fusion intervient quelques mois seulement après le rapprochement entre AOL et Time Warner, illustrant la tendance à la diversification dans les secteurs des médias et des télécommunications.

Depuis son arrivée à la tête de la Compagnie Générale des Eaux (CGE) en 1996, Jean-Marie Messier a orchestré une diversification ambitieuse du groupe, l’orientant progressivement vers les activités de communication. La CGE a ainsi acquis des acteurs majeurs de la presse et de l’édition (le groupe L’Express/L’Expansion, les éditions Nathan, Larousse, Plon…) et détient le leader de la télévision payante en France et en Europe à travers Canal+, un opérateur de téléphonie mobile SFR et de téléphonie fixe Cegetel.

En 1997, le groupe est rebaptisé Vivendi et se recentre autour de deux pôles principaux : la communication et l’environnement. Trois ans plus tard, la création de Vivendi Universal donne naissance à un géant du secteur, réalisant près de 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Cependant, l’intégration de Canal+ au sein de Vivendi Universal n’a pas été sans conséquence pour la chaîne cryptée.

Canal+ ... d'économies


« Une fusion, ça coûte cher ». Cette phrase de Jean-Marie Messier n’est pas passée inaperçue au sein de Canal+. Très vite, la maison-mère fixe des objectifs de rentabilité ambitieux, Canal+ doit mettre en œuvre un vaste plan d’économies, touchant notamment l’emploi avec un gel des embauches et un plan de départs volontaires touchant 217 personnes sur 2500 salariés. De nombreux secteurs du groupe sont concernés : les programmes, la filiale internet CanalNumédia, Canal+ Technologies, ou encore i-Télévision dont la rédaction fusionnera avec celle de la chaîne cryptée. Et puisqu’il n’y a pas de petites économies, les réfrigérateurs pouvant contenir des sodas ou jus de fruits… ont été remplacés par des fontaines à eau. Coût de l’économie : 10 millions d’euros par an.

Pendant que Canal+ traversait sa première vague de suppressions d’emplois, la direction de Vivendi Universal a entamé, à l’été 2001, une réflexion sur l’avenir de la chaîne, envisageant notamment la suppression des plages en clair ou une scission en deux entités : cinéma et sport correspondant à deux clientèles distinctes…

La rentrée 2001 verra la priorité donnée aux programmes cryptés, la « véritable raison d’être de Canal+ », au détriment des émissions en clair, comme l’arrêt de l’emblématique émission « Nulle Part Ailleurs ».

Chiffres abonnements Canal+

Pour la nouvelle direction de Canal+, en place depuis décembre 2000 – et le départ d’Alain de Greef -, Michel Denisot (patron de la chaîne Canal+) et Alexandre Dubrigny (directeur des programmes), le clair ne remplit plus son rôle de vitrine et d’attraction d’abonnés. Dans divers entretiens à la presse, ils estiment que Canal+ a atteint un plafond dans son nombre d’abonnés (plus de 4,5 millions en 2001) et que l’objectif est désormais la satisfaction afin que les clients ne se posent plus la question du renouvellement de leur abonnement.

Plusieurs animateurs quittent la chaîne : Jérôme Bonaldi, Philippe Vandel, Thierry Dugeon, ainsi que les équipes de production, les « petites mains », dont les postes ont été supprimés en même temps que les émissions dont elles s’occupaient.

L’accent est mis sur le cinéma et le sport. Pour Michel Denisot, « il fallait rappeler les fondamentaux de Canal+, pour lesquels les abonnés payent. (…) Canal+ n’a plus besoin d’une vitrine en clair aussi développée et aussi coûteuse. »

Paradoxalement, si le coût des programmes en clair a baissé (d’environ 15% par rapport à la saison 2000/2001), le coût global de la grille a quant à lui augmenté, en raison de la hausse du coût des droits du football et de la Ligue 1.

Ce régime minceur auquel est confrontée la chaîne n’empêchera pas Vivendi Universal de continuer ses acquisitions et son expansion outre-atlantique. Le 15 décembre 2001, le groupe acquiert le réseau de chaînes câblées « USA Networks » et prend une participation de 15% dans le deuxième bouquet satellite américain « Echostar ». Des acquisitions qui coûteront la bagatelle de… 15 milliards de dollars.

Après moults tractations, Jean-Marie Messier propose au PDG de USA Networks Barry Diller, une place dans le management de Vivendi Universal. Il prend en main l’ensemble du secteur cinéma et télévision du groupe… au détriment de Pierre Lescure qui est relégué à un poste de « stratégie globale d’intégration des contenus ». Derrière ce placard, le patron du groupe Canal+ est chargé d’imaginer et de concevoir les éventuelles synergies entre les différentes filiales de la multinationale, sous la responsabilité directe de Jean-Marie Messier.

Dans l’euphorie de l’américanisation de son groupe, le PDG de Vivendi Universal déclarera, dans le même temps, que « l’exception culturelle française est morte ». Des paroles qui résonneront avec une forte intensité en France, en pleine campagne présidentielle, alors que Canal+ est le principal argentier du cinéma français.

Premières polémiques, premières rumeurs


Tentant d’éteindre la polémique quelques jours plus tard, en déclarant que sa citation a été tronquée, rien n’y fait, la polémique enfle entre associations de professionnels du cinéma, anciens de Canal+ et hommes politiques.

Vivendi Universal et Canal+ entrent sous les feux des projecteurs… L’année 2002 commence par un retour inattendu… celui d’André Rousselet. Le fondateur et ex-PDG de Canal+, se fend d’une lettre à Dominique Baudis, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), où il rappelle que l’article 40 de la loi sur l’audiovisuel « fixe que la part du capital détenu directement ou indirectement par des personnes physiques ou morales n’ayant pas la nationalité française ne saurait excéder 20% du capital social d’une société audiovisuelle ».

André Rousselet jette un pavé dans la mare, selon lui, le récent rachat d’USA Networks par Vivendi Universal implique un changement d’actionnaires de la société de Jean-Marie Messier, avec l’entrée de l’américain Liberty Media. Vivendi Universal détenant 49% de la chaîne Canal+, cela déboucherait sur un dépassement de son plafond légal de 20% d’actionnaires étrangers. Une missive à laquelle le CSA demande au gouvernement de saisir le Conseil d’État afin de statuer sur ce sujet.

Ainsi apparaissent les premières rumeurs sur l’entrée d’un autre actionnaire au sein du capital de Canal+. Après tout, si le Conseil d’État donne raison à André Rousselet, la chaîne cryptée devra changer de main. Un groupe revient sans cesse, celui de Jean-Luc Lagardère dont le fils Arnaud, à la tête de la branche médias, est en quête de nouvelles opportunités à l’aube du lancement de la télévision numérique terrestre (TNT). De plus, le groupe Lagardère est actionnaire à 34% de Canalsatellite, détenant ainsi la minorité de blocage.

Une absurdité totale selon Vivendi Universal qui voit à travers cette rumeur, une volonté de manipulation du marché. Même son de cloche du côté de Lagardère soulignant que le sujet n’a jamais été à l’ordre du jour. Toutefois, le tout Paris médiatique se fait l’écho d’un remplacement imminent de l’état-major de Canal+. Ce qui sera chose faite le 7 février 2002 avec le départ d’Alexandre Dubrigny et le remplacement de Michel Denisot par Dominique Farrugia.

Dans un entretien au quotidien « Le Monde », Pierre Lescure souligne que ce « changement de composition de l’équipe » est censé clore le chapitre des restructurations, des plans sociaux ainsi que des coupes claires dans les programmes. Le PDG de Canal+ rassure et se donne deux ans pour amortir les pertes du groupe, notamment en assainissant les comptes des filiales étrangères. 70% des pertes du groupe Canal+ est imputé à sa filiale italienne Tele+.

Canal+ en Europe

"Vivendi Universal va mieux que bien"


Le temps de Pierre Lescure n’est pas celui de Jean-Marie Messier. Le 6 mars 2002, lors de la publication de ses résultats financiers, Vivendi Universal annonce des pertes records de 13,6 milliards d’euros pour l’année 2001. Plusieurs activités du groupe, comme les divisions musique, internet, les studios Universal et surtout Canal+, acquis en action en 2000, s’effondrent sur les marchés. Début avril, l’action Vivendi Universal a chuté de 38,2% à 38 euros, soit un retour au niveau de fin 1997. Les marchés critiquent les problèmes de stratégie, les annonces de deals non conclus et l’impression que Vivendi Universal achète des actifs médias avant de vendre ses activités non stratégiques. Jean-Marie Messier fait l’objet de vives critiques, entre acquisitions incessantes, déménagement à New York et « starisation » de sa vie publique et privée.

Canal+, quant à elle, traverse son année la plus difficile. Selon Jean-Marie Messier, la chaîne cryptée participe à hauteur de 500 millions d’euros aux pertes record de Vivendi Universal. Il exige que le management de Canal+, dirigé par Pierre Lescure, « redonne à Canal+ son rôle de contributeur au résultat dans les deux ans ». Dans un courriel, Pierre Lescure et le directeur général de la chaîne cryptée Denis Olivennes se défendent : les objectifs 2001 étaient atteints, mais les pertes sont imputées à 70% à la filiale italienne Télépiu, un « choix stratégique » fait avec Vivendi Universal. D’autant plus que la décision a été prise d’une fusion du bouquet italien avec Stream qui entraînerait de lourdes dépenses, rendant impossible le retour à l’équilibre exigé. C’est dans ce contexte que Denis Olivennes démissionne de l’ensemble de ses fonctions le 12 avril 2002.

Le 17 avril 2002, Jean-Marie Messier révoque Pierre Lescure de son poste à la tête de Canal+. Cette décision fait suite au refus de Lescure d’accepter la proposition de prendre la présidence du conseil de surveillance du groupe Canal, tandis que Xavier Couture, directeur de l’antenne de TF1, prendrait la direction opérationnelle de la chaîne cryptée. L’e-mail envoyé en réponse aux salariés par Pierre Lescure et Denis Olivennes, l’ex-directeur général de Canal+, dans lequel ils renvoyaient à Messier la responsabilité des pertes de la chaîne, a probablement été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Dans une entreprise, il y a deux critères clefs : la performance et la loyauté », a déclaré Jean-Marie Messier après cette décision. Si la démission d’Olivennes a marqué « le début de la résolution de la crise », selon Messier, elle n’a pas suffi à sauver la dernière figure historique de Canal+.

Cette période de turbulences, marquée par une chute du titre en bourse, la démission du directeur général et le limogeage de Pierre Lescure, a attiré l’attention de certains investisseurs, comme Vincent Bolloré qui a acquis environ 0,5% du capital de Vivendi Universal.

Priorité à la gestion


Face à une situation financière préoccupante, avec 19 milliards de dettes cumulées à la fin de l’année 2001, Jean-Marie Messier a annoncé, dans un entretien aux Échos le 25 avril 2002, sa volonté de donner la « priorité à la gestion ». Il a exprimé son intention de faire évoluer le modèle économique de Canal+, en se concentrant sur l’augmentation du nombre d’abonnés, la satisfaction client et la croissance du revenu par abonné. Il a également évoqué la diversification de l’offre de Canal+ avec des chaînes thématiques « comme Canal+ Sports, Canal+ Info et Canal+ Documents ».

Cependant, la pression reste forte sur Messier où les administrateurs de Vivendi Universal attendent des signes concrets de désendettement. Certains actionnaires et administrateurs américains poussent pour la cession d’actifs, voire le démantèlement du groupe. La question de la cession de Canal+ revient sur le devant de la scène, avec différents scénarios envisagés, comme la conservation par Vivendi Universal du contrôle de Canalsatellite et la cession des chaînes premium à des groupes comme Lagardère en France ou Prisa en Espagne.

Toutefois, le groupe continue à nier toute intention de vendre sa filiale de télévision à péage. La nomination d’Éric Licoys, directeur général de Vivendi Universal, au poste de vice-président de Canal+, semble au contraire témoigner de la volonté du groupe de reprendre en main le destin de sa filiale.

L’intérêt pour Canal+ s’explique par les incertitudes qui pèsent sur l’avenir de Vivendi Universal. Si le Conseil d’État émet un avis défavorable sur la structure du capital de Canal+, qui en tant que chaîne hertzienne ne peut être détenue à plus de 20% par des capitaux non européens, Vivendi Universal pourrait être contraint de revoir sa participation, ouvrant ainsi la voie à de nouveaux actionnaires.

Les prétendants se bousculent


Les démentis de Vivendi Universal n’empêchèrent pas les nombreuses spéculations autour de l’avenir de Canal+. Dès mars 2002, Arnaud Lagardère avait exprimé son intérêt dans un entretien au Monde, déclarant être prêt à se positionner « si Vivendi en décidait la cession », tout en ajoutant que « Canal Plus devra changer de modèle ».

Un autre prétendant, Jérôme Seydoux, exprima son intérêt quelques mois plus tard. Dans un entretien à La Tribune le 3 juin 2002, le patron de Pathé se dit « très concerné par l’avenir de Canal+ ». Industriel du secteur, il se déclara prêt à racheter la chaîne si l’opportunité se présentait, soulignant que « le cinéma français a besoin d’un Canal+ en bonne santé, et Canal+ a besoin du cinéma. On peut dire la même chose avec le football : ce sont des partenaires obligés. »

TF1 entra ensuite dans la danse. Alors que Vivendi Universal traversait une crise sans précédent, avec un cours en bourse atteignant les 20 euros, Patrick Le Lay déclara dans une interview au magazine L’Expansion, reprise par l’AFP deux heures avant le conseil d’administration de Vivendi Universal, que TF1 serait « bien entendu » candidate au rachat de la chaîne cryptée si elle était mise en vente. Il précisa même que la loi autorisait TF1 à détenir 15% de Canal+ et 100% de Canalsatellite, omettant toutefois qu’une entrée dans le capital du bouquet satellite ne pourrait se faire sans l’aval de Lagardère, actionnaire à 34% avec une minorité de blocage.

Le 29 juin 2002, le Conseil d’État estima que Canal+ était en conformité avec la loi sur l’audiovisuel. Quelques jours plus tard, Jean-Marie Messier démissionna de la présidence de Vivendi Universal, remplacé par Jean-René Fourtou. L’une des missions du nouveau PDG était de sécuriser les finances pour regagner la confiance des marchés et redéfinir une stratégie.

Le 4 juillet 2002, Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, confirma que le groupe était candidat au rachat de Canal+ si la vente était annoncée. Afin de séduire le nouveau conseil de Vivendi Universal, il mit en avant la bonne santé financière de son actionnaire RTL Group, très faiblement endetté, « ce qui n’est pas le cas des autres concurrents ». Une allusion à peine voilée à TF1.

Patrick Le Lay monta d’un cran le 8 juillet, déclarant dans un entretien à CB News être favorable à une fusion entre Canalsatellite et TPS. Il réitéra l’intérêt de TF1 pour Canal+, demandant une évolution réglementaire car « la loi, qui limite actuellement TF1 à 15% de Canal+, est totalement obsolète ».

Dans le même temps, TF1 devint l’actionnaire majoritaire de TPS en rachetant 16% à Suez, M6 détenant la minorité de blocage. Une nouvelle alliance préfigurant une stratégie commune entre les deux groupes.

L'actionnariat de TPS


Le bouquet créé en 1996 avait un actionnariat divisé en deux groupes : le groupe A (TF1 et une alliance entre France Télévisions et France Télécom) et le groupe B (M6 et Suez). Chaque entité détenait 25% de TPS.
La règle stipulait que si un actionnaire se retirait, son partenaire dans le même groupe avait la priorité pour acquérir sa part.
C’est ce qui s’est passé en décembre 2001 lorsque l’alliance France Télévisions-France Télécom s’est retirée, permettant à TF1 de récupérer rapidement ses parts grâce à son droit de préemption.
Logiquement, M6 aurait dû récupérer les parts de Suez. Cependant, en mars, dans une interview au quotidien la Tribune, Didier Bellens, PDG de RTL Group, a freiné les ambitions potentielles de sa filiale en déclarant : « Nous ne croyons pas à la télé à péage. Par conséquent, il n’y a aucune raison pour que M6 achète les parts de Suez. »

Cette fois-ci, Canal+ ne démentit pas toutes ces rumeurs de rachat. Le 12 juillet 2002, Xavier Couture, son président, admit la possibilité d’une vente par Vivendi Universal, tout en soulignant la situation « très saine » du groupe qui expliquait les nombreux candidats. Toutefois, il réaffirma l’indissociabilité des trois activités de production, d’édition et de distribution.

Après avoir envisagé une éventuelle cession du groupe Canal+ à Jean-Luc et Arnaud Lagardère qui avaient manifesté un intérêt mais uniquement pour les filiales rentables du groupe, Jean-René Fourtou étudia la possibilité d’une cession à un consortium mené par Jérôme Seydoux, aux côtés de TF1 et M6. Le projet prévoyait que Pathé devienne l’opérateur principal avec 35% du capital, tandis que TF1 et M6 prendraient chacun 15%. Cette structure permettrait de composer avec les contraintes réglementaires et budgétaires, et faciliterait la fusion de Canalsatellite avec TPS. Mais ce scénario risquait de se heurter aux autorités de la concurrence à Paris et à Bruxelles.

Face à ces multiples prétendants sans offre ferme, Fourtou prit finalement la décision de conserver Canal+, tout en le recentrant sur la France. Les activités hexagonales furent regroupées au sein de Canal+ SA, abritant la chaîne cryptée rebaptisée Canal+ France, ainsi que les participations dans la distribution (le fichier d’abonnés), Canalsatellite, la régie publicitaire, Multithématiques, Pathé Sport (rebaptisée Sport+ quelques semaines plus tard), les filiales outre-mer et StudioCanal. La filiale espagnole bénéficiaire, codétenue avec Prisa, est également de la partie mais fut cédée dans un second temps, en septembre 2003.

D’autres actifs comme UGC, NC Numéricable, le PSG, les filiales étrangères comme Benelux et l’italienne Telepiu (revendue à Murdoch après une bataille) furent également cédés. Seul Canal+ Pologne resta dans le giron français.

À l’issue de ce recentrage, le nouvel ensemble Canal+ SA fut détenu à 49% par Vivendi Universal, la limite légale, le reste étant introduit en bourse.

Le nouveau Canal+


Vivendi Universal garda donc un Canal+ allégé, mais fit le pari du football français dont les droits de diffusion arrivaient à échéance en 2004. Le 14 décembre 2002, la Ligue de football professionnel (LFP) retient la proposition de Canal+ concernant l’exclusivité des droits de la Ligue 1 pour 480 millions d’euros sur la période 2004-2007. Évincé, TPS déposa plainte pour « abus de position dominante » auprès du Conseil de la concurrence, qui gela l’attribution en attendant de se prononcer. Un protocole fut alors signé le 17 avril 2003 entre Canal+, TPS et la LFP, portant sur la prolongation pour 2004-2005 du partage des droits TV.

Lors du nouvel appel d’offres fin 2004, Canal+ remporta de nouveau l’exclusivité de la Ligue 1 de 2005 à 2008 contre 600 millions d’euros. Cette fois-ci TPS ne contestera pas. Cet échec conduit plus tard Patrick Le Lay à proposer à Fourtou de racheter le bouquet satellite. Une fusion lancée en décembre 2005 et qui aboutira en mars 2007 à un géant français de la télévision payante avec le « nouveau Canalsat ». L’histoire retiendra que « ceux qui veulent tout, veulent Canal+ ».*

*Référence au slogan de TPS de la même époque « Ceux qui veulent tout veulent TPS »