La haute définition ... analogique et européenne
Durant les années 1980, l’évolution des technologies de diffusion télévisuelle a marqué un tournant important. Les systèmes de codage établis, comme le NTSC américain à 525 lignes et les standards européens PAL et SECAM à 625 lignes, faisaient face à des défis croissants. Depuis leur introduction, ces systèmes n’avaient connu que peu de modifications majeures. Cependant, avec l’apparition de téléviseurs plus grands et aux formats plus larges, les limitations de ces systèmes devenaient de plus en plus apparentes. Les téléspectateurs remarquaient un manque de finesse dans l’image et des imperfections dans le décodage des couleurs.
Parallèlement, l’émergence de nouvelles méthodes de réception telles que le câble et le satellite commençait à redéfinir le paysage de la télévision. Ces avancées technologiques ont encouragé la création de nouveaux standards visant à définir la “télévision du futur”. En réponse à ces développements, les gouvernements et les industriels se sont penchés sur l’élaboration de nouveaux standards.
Alors que le Japon et les États-Unis, restant fidèles au NTSC, s’orientaient vers la télévision à haute définition avec le standard TVHD, les Européens envisageaient une approche différente. Ils se concentraient sur un système transitoire avec un standard évolutif, le MAC-Paquets. Ce choix stratégique reflétait une volonté de s’adapter progressivement aux changements technologiques, tout en tenant compte des infrastructures existantes.
Le MAC-Paquet en détail
Le développement du MAC-Paquet, un jalon important dans l’évolution de la télévision, a été rendu possible grâce aux avancées en microélectronique, notamment avec l’introduction de nouveaux microprocesseurs conçus par Philips. Ces puces, dotées de mémoires de grande capacité, étaient capables de stocker un bit par point d’une trame numérisée. Cette capacité a permis la compression temporelle des informations de luminance et de chrominance avant leur transmission séquentielle, ligne par ligne, sous forme de « paquets ».
La technologie MAC-Paquet se distingue par la séparation complète et successive des signaux analogiques de luminance et de chrominance, réalisée par une séparation temporelle. Cette méthode offre une nette amélioration de la qualité d’image par rapport aux systèmes de codage traditionnels comme le PAL et le SECAM, où des interférences entre la chrominance et la luminance étaient possibles.
En plus de la séparation des signaux, le MAC permet le multiplexage avec des données numériques telles que le son, ainsi qu’avec des informations de synchronisation. Cette évolution représente un pas significatif par rapport aux anciens systèmes de télévision.
En mars 1985, l’Union Européenne de Radiodiffusion (UER) a recommandé la norme MAC-Paquet pour les émissions par satellite et par câble. Cette norme s’est déclinée en plusieurs variantes, adaptées aux différents moyens de réception :
- C-MAC/Paquet : destiné au satellite à diffusion directe (Direct Broadcast Satellite – DBS).
- D-MAC/Paquet : conçu pour le câble à large bande.
- D2-MAC/Paquet : utilisé à la fois pour le DBS et le câble à bande étroite.
3 systèmes
C-MAC
Le C-MAC paquets, une variante du système MAC, a été spécifiquement conçu pour les transmissions via satellites. Cependant, il présentait des incompatibilités majeures avec les réseaux terrestres, en particulier ceux utilisant des canaux avec une bande passante de 7 ou 8 MHz. La principale limitation du C-MAC résidait dans son débit élevé pour le multiplexage numérique, atteignant 20,25 Mbits/seconde, nécessitant une bande passante conséquente de 10,5 MHz. Bien que cette large bande passante offrît la capacité de transmettre jusqu’à 8 canaux audio (dont 4 stéréophoniques), elle se révélait être un obstacle majeur pour une utilisation plus flexible et adaptée aux réseaux terrestres.
D-MAC
Le D-MAC, une autre variante du système MAC, a été développé par l’IBA (Independent Broadcasting Authority), l’autorité de régulation britannique. En 1982, il a été adopté comme format de transmission pour les futurs services de télévision par satellite directe (Direct Broadcast Satellite, DBS). Un an plus tard, l’Union Européenne de Radiodiffusion (UER) a suivi en adoptant le D-MAC comme norme pour tous les services DBS.
Une différence majeure entre le D-MAC et son prédécesseur C-MAC réside dans la bande passante. Pour le D-MAC, la bande passante a été réduite à 8,4 MHz, une modification conçue pour rendre ce format plus adapté aux réseaux câblés. Cependant, cette bande passante restait supérieure à l’espacement des canaux de 7 MHz, généralement utilisé par la plupart des systèmes câblés, ce qui limitait son utilisation universelle.
Face à cette contrainte de consommation excessive de bande passante, le D2-MAC a été développé.
D2-MAC
Le D2-MAC est une évolution du D-MAC, conçu pour répondre aux besoins spécifiques des systèmes de diffusion par câble et par satellite. Développé dans le but de réduire encore plus la bande passante utilisée par le D-MAC, le D2-MAC marque une avancée significative dans la technologie de diffusion télévisuelle.Ce standard se distingue par sa capacité à fonctionner efficacement avec une bande passante réduite. Cette caractéristique le rend particulièrement adapté aux réseaux de diffusion par câble, où la gestion optimisée de la bande passante est une priorité.
En plus de ses améliorations en matière de bande passante, le D2-MAC offre une flexibilité accrue dans la gestion des canaux audio. Il est capable de diffuser jusqu’à quatre canaux audio de haute qualité (avec une bande passante de 15 kHz pour chaque canal) ou jusqu’à huit canaux de qualité standard. Cette polyvalence répond aux divers besoins des opérateurs de diffusion et des téléspectateurs.
Le développement du D2-MAC répond ainsi aux exigences croissantes d’efficacité de la bande passante et de qualité audio, tout en tenant compte des contraintes des réseaux câblés. Il représente une étape clé dans la progression vers des systèmes de diffusion plus performants et polyvalents.
Satellite de diffusion directe : kezako ?
Dans les années 1980 et 1990, une révolution dans la diffusion télévisuelle prenait forme avec l’avènement des satellites de diffusion directe. Ces satellites, conçus pour être de véritables géants de l’espace, représentaient la quintessence de la technologie de l’époque. Dotés d’une puissance élevée, ils avaient pour mission de diffuser une image d’une qualité exceptionnelle, anticipant l’ère de la haute définition. Des exemples emblématiques incluent les séries TDF pour la France et TV-SAT pour l’Allemagne.
Ces satellites avaient une portée ambitieuse : avec une couverture s’étendant à presque toute l’Europe de l’Ouest, ils symbolisaient une nouvelle ère de connectivité. Leur capacité à être reçus par des paraboles de taille raisonnable était un exploit technologique, réduisant les barrières pour les consommateurs. Cependant, leur grandeur était aussi leur talon d’Achille.
Les défis étaient multiples et imposants. Les coûts de conception et de lancement astronomiques, combinés à un nombre limité de canaux, rendaient ces satellites moins attrayants pour les diffuseurs, face aux coûts prohibitifs d’accès. De plus, la plupart des systèmes câblés opéraient sur des espacements de canaux de 7 MHz, rendant l’adaptation de ces mastodontes technologiques difficile.
Face à ces obstacles, un changement de cap s’imposait. L’émergence de satellites de moyenne puissance a représenté un tournant décisif. Plus abordables, flexibles et adaptés aux besoins variés des diffuseurs, ces nouveaux venus ont offert une solution pratique, démocratisant l’accès à une plus large palette de canaux. Cet équilibre entre coût, couverture et capacité a marqué le début d’une ère nouvelle dans la diffusion par satellite, ouvrant la voie à une diversification et une accessibilité accrues pour les téléspectateurs à travers l’Europe.