C’est une institution de la chaîne cryptée, depuis août 1985, Canal+ offre à ses abonnés un film pornographique le premier samedi du mois, précédé du célébrissime « Journal du Hard ». Depuis quelques années, la chaîne propose un second rendez-vous le troisième week-end de chaque mois, le X fonctionne en linéaire comme sur MyCanal. Comme aujourd’hui, le porno a toujours fait réagir. En 1993, Canal+ publie un florilège des messages des abonnés concernant le X et justifie sa politique de programmation. Florilège.

Les inconditionnels


Si certains réclameront d’autres diffusions, d’autres n’hésiteront pas à faire des suggestions sur la programmation des films proposés. 
Abonné à Canal+, un abonné se demande pourquoi le rythme de diffusion du film X mensuel est passé de cinq à six fois par mois, à uniquement deux ou trois fois. 

D’autres personnes préciseront être un groupe d’amis aimant se retrouver chaque premier du mois à minuit pour regarder le film X sur la chaîne cryptée. Leurs remarques avaient pour vocation d’attirer un public nombreux et plus varié qu’on ne le croît en suggérant … de présenter tous les genres qui existent dans la production cinématographique pornographique, une diffusion en version originale lorsqu’il s’agit d’un film étranger – (le porno a décidément des frontières) – et même la diffusion d’un second film X par mois. Un voeu exaucé en 2019.

... et les frileux


Si certains se révèlent d’être de véritables téléspectateurs, d’autres s’offusquent des raisons diverses et variées de la diffusion du porno sur Canal. 

Dans un témoignage, une abonnée souligne le fait que certains soirs, des parents peuvent être absents et offrir l’opportunité à des adolescents de s’offrir une soirée TV jusqu’à tard la nuit. Elle mettra en cause la programmation des films jugées trop peu tardive invoquant « la fraîcheur », « la sensibilité » et suggère de programmer le Journal du Hard et les films X … au milieu de la nuit ! Un témoignage peut-être significatif d’une expérience vécue signé « une mère parfois dépassée par les événements ».

Une autre abonnée se questionne sur la présence même du X dans la programmation : « pourquoi vous continuez à nous abreuver de films X avec la régularité navrante d’une vieille horloge qui ne veut pas changer d’un pouce ? Où est l’utilité ? Maintenant que CANAL+ a fait ses preuves, plus la peine d’attirer les clients ! ». Le questionnement se poursuit : « Pensez-vous que tous vos abonnés soient des fans de films X. Vous vous trompez lourdement ». Pour cette cliente, visiblement peu friande de ce genre de films … la solution fut les films d’amour appréciés par « beaucoup de personnes » et « où les sentiments vrais existent et où les hommes et les femmes ne sont pas ravalés au rang de bêtes ».

Des témoignages qui (avec le temps) peuvent faire sourire, à cet époque, Canal+ n’était pas la seule chaîne à diffuser du X : Cinécinémas le faisait déjà ainsi que diverses chaînes sur le câble et le satellite … mais dont l’accessibilité n’était pas aussi aisée que celle de la chaîne cryptée ! 

Canal+ assume


Face à la diversité de ces témoignages (choisis), la chaîne cryptée assume sa programmation avec une question rhétorique : « Pourquoi le cacher ? ». Dans sa réponse, CANAL+ met en avant la présence d’un public … pour le « film érotique » qui compte « un public assez nombreux ». La chaîne met en avant sa programmation cinéma afin de satisfaire tous ses publics et également les abonnés que ce genre intéresse. 

La chaîne précise, que pour ne pas gêner ceux qui ne l’apprécient pas et pour ne pas perturber un public familial, ces films, limités à un par mois, sont diffusés et rediffusés, quatre fois au total, systématiquement entre minuit et 4 heures du matin.

Concernant la programmation des films, la chaîne précise s’efforcer la plus grande variété de films érotiques, mais « ne pas pouvoir pouvoir présenter ceux que la loi interdit de diffuser une chaîne de télévision ».

Fait intéressant, à aucun moment la chaîne ne parle de films pornographique mais uniquement de films érotiques, la nuance n’étant pas neutre…