Le standard français
Le SECAM, acronyme de “Séquentiel Couleur à Mémoire”, est un standard de codage des signaux de télévision en couleur, développé en France au cours des années 1960. Il s’agit de l’une des trois principales normes de diffusion analogique pour la télévision en couleur, aux côtés du NTSC (National Television System Committee), utilisé principalement en Amérique du Nord, et du PAL (Phase Alternating Line), répandu en Europe et dans d’autres régions du monde.
Conçu pour répondre aux exigences spécifiques de la télévision en couleur en Europe, le SECAM se distingue par sa méthode unique de transmission des informations de couleur. Cette norme a été largement adoptée dans les pays francophones et de l’Europe de l’Est, ainsi que dans certaines régions d’Afrique et d’Asie, contribuant à la diversité des systèmes de télévision en couleur à l’échelle mondiale.
Les origines du SECAM
Imaginé par l’ingénieur français Henri de France, le SECAM (SÉquentiel Couleur Avec Mémoire) a été breveté en 1956 et expérimenté pour la première fois en 1963. Son adoption a été fortement influencée par la volonté politique du gouvernement français de promouvoir un format de couleur indépendant des standards américains (NTSC) et allemands (PAL).
Cette démarche s’inscrit dans une tradition d’exception technique française, déjà illustrée par la norme E en 819 lignes, qui se distinguait par sa modulation vidéo positive en opposition aux normes américaines et allemandes. Le codage SECAM visait à renforcer cette spécificité, limitant ainsi la possibilité pour les résidents près des frontières de capter facilement les émissions des chaînes étrangères.
Après des tentatives initiales pour adapter le SECAM au standard de 819 lignes, Henri de France a dû réorienter son développement vers la norme européenne de 625 lignes pour la deuxième chaîne couleur. Le SECAM en 625 lignes utilise une technique innovante pour coder les informations de couleur : chaque image est divisée en trois composantes (rouge, vert et bleu), transmises séquentiellement. Cette méthode nécessite l’utilisation de mémoires vidéo pour stocker temporairement les données de chaque couleur avant de les assembler pour afficher l’image finale.
Le premier émetteur SECAM de 625 lignes a été installé sur la Tour Eiffel en décembre 1961, permettant la diffusion expérimentale de la deuxième chaîne couleur dès le 16 mai 1963.
Côté technique
Le SECAM se distingue de ses homologues, le NTSC et le PAL, par ses caractéristiques techniques uniques. Alors que le NTSC et le PAL utilisent la modulation d’amplitude (AM) pour les signaux de chrominance, le SECAM adopte la modulation de fréquence (FM). Cette technique offre une meilleure résistance au bruit, bien qu’elle nécessite une bande passante plus large.
Une autre spécificité du SECAM réside dans sa méthode de transmission des signaux de chrominance (R-Y et B-Y). Ces signaux sont transmis séquentiellement sur deux lignes consécutives, ce qui explique l’appellation « Séquentiel Couleur à Mémoire ». Cette méthode implique l’utilisation d’une mémoire, ou d’un délai de ligne, pour stocker temporairement les informations de couleur d’une ligne avant de les combiner avec celles de la ligne suivante. Cela permet de reconstituer l’image en couleur complète.
Bien que le SECAM partage avec le PAL un système de balayage de 625 lignes par image et 25 images par seconde (soit 50 demi-images entrelacées par seconde), il diffère légèrement en termes de fréquences porteuses de chrominance. Les fréquences des sous-porteuses de chrominance sont de 4,250 MHz pour (R-Y) et de 4,40625 MHz pour (B-Y) dans le système SECAM.
Ces particularités techniques confèrent au SECAM des avantages en termes de qualité d’image et de résistance aux interférences. Toutefois, les différences dans les fréquences des sous-porteuses de chrominance et la méthode séquentielle de transmission des signaux de couleur rendent le SECAM incompatible avec le PAL et le NTSC sans une conversion appropriée.
Les différentes variantes du SECAM
- SECAM-L (France) :
- Modulation Vidéo : Modulation d’amplitude avec suppression de porteuse (AM-VSB).
- Modulation Audio : Modulation de fréquence (FM).
- Espacement des Canaux : 8 MHz.
- Bandes : VHF – L (norme française), UHF – 21 à 69 (norme française).
SECAM-B/G :
- Modulation Vidéo : Modulation d’amplitude avec suppression de porteuse (AM-VSB).
- Modulation Audio : Modulation d’amplitude (AM).
- Espacement des Canaux : 8 MHz (Bande B), 7 MHz (Bande G).
- Bandes : VHF – B (norme européenne), G (norme internationale).
SECAM-D/K :
- Modulation Vidéo : Modulation d’amplitude avec suppression de porteuse (AM-VSB).
- Modulation Audio : Modulation d’amplitude (AM).
- Espacement des Canaux : 8 MHz (Bande D et K).
- Bandes : VHF – D (norme russe), K (norme internationale), UHF – 21 à 69 (norme russe et internationale).
Les différences entre ces variantes du SECAM se situent essentiellement dans les méthodes de modulation audio, les normes de fréquence pour la transmission des signaux audio et vidéo, ainsi que les bandes VHF et UHF spécifiques à chaque variante. Toutefois, le codage des informations de couleur reste identique pour toutes les versions du SECAM.
Néanmoins, un système limité
Bien que le SECAM ait représenté une avancée majeure en termes de qualité d’image dans le monde de la télévision en couleur, plusieurs facteurs ont entravé son expansion et sa popularité au-delà des frontières françaises. L’un des principaux obstacles résidait dans la complexité intrinsèque de son matériel. La méthode de transmission séquentielle des signaux de couleur, nécessitant une mémoire pour stocker temporairement les informations d’une ligne, a entraîné une augmentation significative de la complexité et du coût des appareils de réception, comparativement aux standards NTSC et PAL.
En outre, le choix du SECAM d’utiliser la modulation de fréquence pour les signaux de chrominance, bien que bénéfique pour la réduction du bruit, a imposé l’utilisation d’une bande passante plus large. Ce besoin en bande passante a non seulement limité le nombre de canaux disponibles, mais a également accru la sensibilité du système aux interférences entre les canaux adjacents.
Par ailleurs, malgré sa résistance supérieure au bruit, la méthode séquentielle du SECAM dans la transmission des signaux de couleur pouvait parfois se traduire par une qualité des couleurs légèrement inférieure à celle obtenue avec les systèmes concurrents. Cette différence, bien que mineure, a été remarquée par les utilisateurs et les professionnels de l’industrie.
De plus, l’incompatibilité du SECAM avec les autres systèmes de télévision en couleur a posé un autre défi. Ses fréquences de sous-porteuse de chrominance uniques et sa méthode de transmission des couleurs différaient de celles utilisées par le PAL et le NTSC. Ainsi, pour visionner des programmes SECAM sur des équipements conçus pour ces autres standards, une conversion spécifique était nécessaire, ce qui a ajouté une couche supplémentaire de complexité.
Ces diverses contraintes techniques ont donc limité l’adoption du SECAM en dehors de certains pays, malgré ses avantages en termes de qualité d’image et de résistance au bruit.
Le SECAM à l'international
L’adoption internationale du SECAM dans les années 1960 et 1970 s’est concentrée principalement en Europe de l’Est, en Afrique et au Moyen-Orient, où les facteurs politiques, économiques et techniques ont joué un rôle crucial.
Dans les pays du bloc de l’Est, alors sous influence soviétique, le choix du SECAM était principalement dicté par des raisons politiques et stratégiques. Ces nations cherchaient à éviter la dépendance aux technologies occidentales, notamment américaines et allemandes. En outre, la robustesse du SECAM face aux interférences en faisait un choix attrayant dans des régions où les conditions de transmission étaient loin d’être idéales.
En Afrique, l’adoption du SECAM par plusieurs pays francophones comme le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Gabon et le Burkina Faso, s’expliquait par des liens historiques et culturels forts avec la France. De plus, la résistance supérieure du SECAM au bruit en faisait un choix technique judicieux pour ces pays, ainsi que pour certains pays du Moyen-Orient.
La différence principale du SECAM avec les systèmes PAL et NTSC réside dans sa méthode de transmission des signaux de chrominance : contrairement à la modulation d’amplitude (AM) utilisée par ces derniers, le SECAM emploie la modulation de fréquence (FM). Cette caractéristique rend le SECAM moins sensible aux perturbations et au bruit, puisque les variations d’amplitude n’ont pas d’impact significatif sur la qualité du signal. En conséquence, le SECAM peut maintenir une meilleure qualité d’image dans des environnements de transmission plus exigeants.
Cependant, malgré ces avantages et son adoption dans certaines régions, le SECAM n’a pas atteint le même niveau de succès international que le PAL et le NTSC. Cette situation s’explique principalement par ses limitations en termes de compatibilité avec d’autres systèmes et la complexité de son matériel de réception.