Régions

Création le 11 mai 1998
Disparition le 2 février 2003

Actionnaires
France Télévisions – 50,1%
France Télécom – 39,9%
Dexia-Crédit de France – 10%

Distribution
TPS | Noos (ex-Lyonnaise Câble) | France Télécom Câble | NC Numéricâble | Estvidéo | Vidéopôle

Régions : la chaîne qui remet Paris à sa place


La chaîne Régions, se définissant comme ‘la chaîne qui remet Paris à sa place’, a été lancée le 11 mai 1998. Initialement accessible sur les bouquets TPS, France Télécom Câble, et Lyonnaise Câble, elle a par la suite étendu sa diffusion à d’autres câblo-opérateurs comme NC Numéricable, Est Vidéo et Vidéopôle.

Emblème de la stratégie de diversification du service public, Régions faisait partie des projets de chaînes thématiques que France Télévision devait apporter pour accompagner le lancement de TPS, fin 1996. Un projet qui sera tout d’abord gelée pour cause d’incertitude budgétaire, avant d’être validée par le Conseil d’Administration de France Télévision, en mars 1998.

À l’initiative de ce projet, France 3 était le premier fournisseur d’image à hauteur de 85%, permettant à Régions de démarrer avec un budget relativement léger, uniquement 53 millions de francs et une trentaine de salariés seulement.

Le concept de cette ‘superchaîne’ régionale était de valoriser les magazines, documentaires, et reportages produits par les 24 rédactions régionales et les vingt stations locales de France 3. Les programmes étaient diffusés de 7h30 à 1h du matin en semaine et de 8h30 à 1h le week-end et organisés autour de quatre axes : la découverte, la proximité, l’information, et les services.

Régions envisageait également de diffuser certains contenus en vidéo sur le service en ligne Wanadoo de France Télécom, un de ses actionnaires. Innovante, la chaîne a également inclus des interventions de téléspectateurs via un visiophone pour réagir à l’actualité.

Initialement basée à Saint-Cloud, en région parisienne, la chaîne a déménagé à Écully, près de Lyon, dans des locaux partagés avec Euronews. Ce déménagement, officiellement justifié par l’alignement avec son positionnement éditorial, a également permis de mutualiser les moyens techniques et logistiques, réduisant ainsi les coûts opérationnels.

Malgré un effectif réduit et une technologie de pointe, la chaîne n’a pas réussi à attirer un large public. Trois ans après son lancement, elle ne captait que 0,2% de l’audience abonnée au câble et au satellite. Fin 2002, face à ces résultats décevants, Wanadoo annonce son intention de se retirer du capital, suivi par Dexia-Crédit de France, un autre actionnaire minoritaire.

France Télévisions se retrouve donc seulement à assumer les difficultés de la chaîne. Suite aux mauvaises audiences, les câblo-opérateurs ont progressivement baissé leur rémunération, passant d’une base de 0,46 centime d’euro par abonné à 0,29 centime et enfin à 0,24 centime d’euro. Une hécatombe pour la chaîne dont les revenus dépendent à 90% des abonnements. Les revenus sont divisés par deux, alors que les coûts sont restés stables.

Parallèlement, TPS, principal diffuseur de Régions annonce son souhait d’arrêter la diffusion au terme du contrat qui parvient à échéance le 11 mai 2003. Une décision à mettre au regard des tensions entre France Télévisions et ses partenaires privés TF1 et M6 au sein de TPS.

Une chaîne qui n'était pas forcément la volonté de TF1, principal actionnaire de TPS.


En 2000, le service public a manifesté son désir de se concentrer sur la télévision gratuite, en prévision de l’arrivée de la Télévision Numérique Terrestre et de la création de nouvelles chaînes gratuites. Cette orientation a conduit au départ de France Télévision du capital du bouquet satellite TPS le 27 décembre 2001. TF1 a alors repris pour 195 millions d’euros les 25% de TPS précédemment codétenus par France Télécom et France Télévision au sein de la société France Télévision Entreprise (FTE). Patrick Le Lay, président de TF1 et de TPS jusqu’en décembre 2001, n’hésitait pas à brocarder les chaînes thématiques payantes de France Télévisions, les qualifiant de “peu visibles”. Une fois France Télévision sortie du capital, plus rien ne liait TPS à financer des chaînes qui n’étaient pas vectrices d’audience et d’abonnements.

En janvier 2003, le directeur général de France 3, Rémy Pfilmin annonce aux salariés de la chaîne, que Régions cessera d’émettre un mois plus tard et se tournera vers une activité de production audiovisuelle. Selon lui, la ligne éditoriale choisie au départ “n’était pas assez fouillée, et Régions est devenue une mini généraliste”. D’autre part, côté budget, “les chiffres inscrits sur les business plan n’ont jamais été atteints”. Quant au choix de s’implanter en province, « s’il était audacieux, il a engendré des coûts plus élevés ».

Ainsi s’achève la chaîne qui comptait “remettre Paris à sa place” au terme d’une émission de fin intitulée “En attendant la mire…”.