C'était Hier

Création le 7 novembre 1989
Disparition le 2 février 1992
Actionnaires
100% – Générale d’Images
Distribution
Réseaux de la Générale des Eaux (Téléservice et Région Câble)
C'était hier : la chaîne nostalgie
“C’est la chaîne nostalgie” : ainsi Étienne Mallet, président de la Générale d’Images, qualifiait-il en un mot la chaîne thématique lancée par la filiale programmes de la Générale des Eaux en partenariat avec Gaumont.
Lancée le 7 novembre 1989, C’était hier répondait à l’ambition de dynamiser l’offre de programmes du câble. Son concept reposait sur la valorisation des actualités cinématographiques produites par Gaumont entre 1910 et 1973 et qui étaient projetés dans les cinémas, avant la projection d’un film.
Le choix de cette thématique n’a rien d’anodin. Avant d’initier ce lancement, la Générale des Eaux a mené des études auprès de ses abonnés : « Nous estimons qu’un tel programme correspond à une attente du public et nous avons privilégié l’information, une idée qui nous a semblé intéressante », expliquait alors Étienne Mallet. Ce choix s’inscrit parfaitement dans l’économie du câble de l’époque, avec un budget de 20 millions de francs, conçu pour des chaînes aux ambitions modestes mais ciblées.
Chaque jour, la chaîne offrait sept heures de programmes, diffusés entre 13h30 et 20h30 ou de 17h à minuit selon les réseaux, et s’appuyait sur un principe de multidiffusion pour toucher un large public. Son offre se structurait autour de deux grands volets.
Le premier, consacré aux actualités cinématographiques, mobilisait cinq heures d’antenne quotidiennes et se déclinait en trois rendez-vous distincts :
- “Images de notre temps” rassemblait la totalité des journaux de dix minutes proposés autrefois dans les salles de cinéma : chaque semaine, le public redécouvrait ainsi vingt-quatre de ces journaux, tous issus de la même semaine de l’année, mais diffusés entre 1949 et 1973.
- Les “Décades”, un montage d’une trentaine de minutes qui ressuscitait, semaine après semaine, ce qui s’était passé exactement vingt, trente ou quarante ans plus tôt.
- “Cette semaine” — un bref flash de deux minutes trente — attirait l’attention sur les temps forts de l’actualité, en les mettant en perspective à travers les époques.
Pour prolonger le plaisir, un jeu-questionnaire, inspiré par le sujet du jour, incitait les téléspectateurs à tester leurs connaissances.
Le second grand volet de la grille, articulé autour de deux heures de programmes, immergeait le public dans l’ambiance des périodes évoquées par ces actualités. D’anciens courts-métrages d’aventures, policiers ou western, couramment projetés en première partie de séance de cinéma à l’époque, revenaient sous la forme des “Histoires”.
Côté musique, la chaîne proposait des concerts, des récitals d’artistes et des scopitones — ces ancêtres de nos clips actuels — rassemblés dans un « hit-parade » tout droit sorti des années 50 et 60, baptisé “Couleur Treppaz”. Des retransmissions sportives et d’anciens documentaires produits par la Gaumont figuraient également au programme, tout comme de vieilles publicités issues du CNAP (Cinémathèque des archives publicitaires). Ainsi, l’esprit des “premières parties” de cinéma retrouvait soudain toute sa saveur, pour le plus grand bonheur des nostalgiques et des curieux.
La distribution de la chaîne reposait sur l’acheminement de cassettes vers les têtes de réseau. Les premiers à diffuser “C’était Hier” furent Saint-André et Nice, dans le cadre du groupement Région Câble. Par la suite, la chaîne gagna progressivement l’ensemble des sites administrés par la Générale des Eaux, à condition que chaque réseau libère au moins un demi-canal pour sa diffusion.
La collaboration entre la Générale d’Images et Gaumont revêtait la forme d’un contrat éditeur-fournisseur, garantissant à la Générale d’Images l’exclusivité de la retransmission des actualités Gaumont sur le câble pendant deux ans. Dans ce cadre, Gaumont assurait la restauration d’un fonds exceptionnel représentant plus de 10 000 kilomètres de pellicule. Quant à l’habillage visuel, il était confié à la société Ivao.
Conçue pour faire revivre la mémoire collective, “C’était Hier” connut un succès réel auprès du public. Toutefois, en 1990, un partenariat capitalistique entre Canal+ et les grands câblo-opérateurs — Compagnie Générale des Eaux, Caisse des Dépôts et Lyonnaise des Eaux — entraîna une rationalisation des chaînes thématiques. Plusieurs d’entre elles fermèrent, et “C’était Hier” fut la dernière à disparaître, le 2 février 1992. Selon les réseaux, elle laissa alors place à “Cinécinéfil”, une nouvelle chaîne consacrée au cinéma de patrimoine, qui reprit notamment la diffusion des actualités Gaumont.